Durant le festival Solidays 2015, nous avons eu l’occasion d’interviewer le duo Brigitte composé de Sylvie Hoarau et Aurélie Saada. Elles nous font découvrir leur dernier album « A bouche que veux-tu » mêlant une sensualité sans tabous au glamour des années 50.
Le show est-il rôdé, ou bien est-il différent à chaque fois ?
Ça fait bientôt un an qu’on est en tournée, donc ça devrait être bon là (rires). Mais il est vrai qu’on s’adapte pour les festivals ; d’une part, les sets ne sont pas aussi longs que pendant nos concerts, et puis on ne dispose pas d’une scénographie à l’avance, ce qui nous pousse à évoquer davantage notre univers.
Pour les festivals, on essaye donc de s’adapter au public. Sur quelques morceaux, on se laisse des libertés, une petite marge de manœuvre en fonction de l’ambiance, de la sensibilité du public et de l’énergie du moment et, si l’on sent qu’il y a une espèce d’alchimie, on se lance sur des choses plus particulières ou des impros.
Y a-t-il des festivals qui vous ont plus marqué que d’autres ?
Oui, il y a eu des moments assez magiques, des lieux très beaux dans lesquels on a joué, ou encore des silences incroyables dans des foules énormes (ndlr : concert à Sète, au Théâtre de la mer)… Le plus impressionnant, c’est dans ces silences-là, parce qu’on est très connectés.
On observe une progression sur l’identité de ce nouvel album : on a l’impression d’être passé du hippie chic au rétro, aux paillettes ; la musique elle aussi est plus sophistiquée. Cette évolution de votre identité est-elle délibérée, ou s’est-elle produite naturellement, avec les années ?
On grandit, nos désirs grandissent, certaines chosent se précisent. Peut-être aussi que c’est juste un autre album, avec une autre histoire. Qui sait, le prochain album sera peut-être en jean et en tee-shirt… (rires).
En fait, chaque album correspond au désir de l’instant, c’est une histoire qu’on raconte à un moment donné. Pour le dernier album, on a eu envie de rétro, de bling bling glamour sans tabous. On a rêvé à des héroïnes de cinéma de Brian de Palma, à Michelle Pfeiffer dans Scarface, Donna Summer et Diana Ross, et même les chaussettes à paillettes de Michael Jackson… On a vraiment essayé de s’amuser avec tout ça.
Dans notre musique, ça s’est traduit par quelque chose de très généreux. On a eu envie d’arrangements grandioses, c’est la raison pour laquelle on a travaillé avec un grand orchestre avec des cordes, une infinité de cuivres et beaucoup de claviéristes pour lesquels nous avons écrit des partitions. On avait envie de s’essayer nous aussi à de l’écriture pour des instruments classiques, chose que nous n’avions pas fait pour l’album précédent. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’album s’appelle « A bouche que veux-tu » (ndlr : expression du 17ème siècle signifiant « généreusement »).
Parlons à présent de votre reprise en 2011 de Ma Benz (NTM), qui a fait un énorme buzz. Qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre cette chanson-là en particulier ; était-ce pour revendiquer votre part de féminisme et vous réapproprier les codes masculins ?
Cette chanson est sensuelle, sexy. C’est drôle parce qu’on a récemment entendu Joey Starr qualifier cette chanson de machiste. Pour nous, c’est avant tout une chanson sur le désir, masculin comme féminin. Mais c’est vrai que, dans la mesure où cette chanson parle de sexualité, mettre cette chanson dans la bouche d’une femme, ça passerait presque pour un manifeste féministe !
Propos recueillis par Ilana Toledano