Interview – Hilight Tribe

Lors de l’édition 2018 du festival Musicalarue, nous avons eu l’occasion de rencontrer Ludo d’Hiligh Tribe avant leur concert, qui clôtura le festival dimanche 12 août.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Hiligh Tribe, il s’agit d’un groupe de trance presque entièrement instrumental. Ce n’est donc pas un DJ qui mixe derrière ses platines mais bel et bien une vraie tribu de musiciens qui s’est réapproprié un style de musique initialement électronique.
Nous nous rendons donc en backstage pour en savoir plus sur ce groupe de « natural trance » aux influences du monde entier.

Cela a dû être un réel challenge au niveau de la cohésion du groupe, de faire une trance aussi rythmée en superposant plusieurs percussions…

Ludo : Il faut savoir que ce que l’on fait avec Hilight Tribe sur scène, on a aussi appris à le faire de manière acoustique avec des superpositions de percussions et des polyphonies de voix. On a aussi le coté « natural trance » vraiment pur avec des « percu » comme le djembé, des dum dum, des conga… On fait le beat nous-même et des rythmes pas toujours traditionnels, qui peuvent être complètement déjantés. Par exemple, on utilise des frappes du Brésil, de Cuba, des tablas (ndlr : instrument de musique à percussion de l’Inde du Nord). En fait, on fait le tour du monde de percussions si tu veux. C’est donc la diversité de nos savoirs sur celles-ci qui permet de faire des « tricks », un peu comme ce qu’on retrouve dans le Dubstep ou dans la Psytrance…

D’une certaine façon, vous proposez une alternative à une musique électronique déshumanisée.

Ludo : Exact. C’est ça notre métier. Cette alternative, c’est devenu un courant musical en fait. Il y a énormément de gens qui continuent effectivement d’écouter toutes les musiques qui les passionnent mais ils aiment aussi la « natural trance » et ils soutiennent le mouvement musical en général, et Hilight Tribe en particulier.

La Trance c’est un style musical qu’on trouve notamment en free party. Vous est-il déjà arrivé de participer à des événements libres ?

Ludo : Ouais, bien sûr. Moi j’ai participé à un technival en 2001 en Bretagne. Mais on a aussi fait énormément d’événements mixtes, avec des artistes de hard tech et de hardcore, par exemple 69db avec lequel on a beaucoup partagé les mêmes scènes et les mêmes festivals. Et les mecs des Spiral Tribes, ou encore AK47.

Est-ce que maintenant encore on pourrait vous retrouver dans ces soirées ?

Ludo : Haha, ça c’était l’ancienne école. Aujourd’hui on joue pas mal avec les gens de darkpsy qui sont les nouveaux « hardcoreux » du milieu de la psy trance.

Etant donné les influences indiennes que l’on retrouve dans votre musique, on peut se demander s’il vous arrive régulièrement de voyager ensemble ?

Ludo : On fait à peu près 13 à 15 voyages à l’étranger par an avec souvent, à la clé, un public qu’on retrouve d’un pays à l’autre. D’ailleurs, on était récemment au BOOM festival au Portugal où on a vécu un moment de quintessence exceptionnel ! Les astres étaient avec nous puisqu’on a joué juste après l’éclipse. Il y avait des français, des japonais, des brésiliens, des américains, des gens qu’on avait rencontré autour de la planète, ils étaient là, et toutes les âmes ont contribué à un moment magique où tout semblait synchronisé et prendre une tournure positive.

Y a-t-il une culture en particulier à laquelle vous aimeriez que l’on vous associe ?

Ludo : Je trouve que les musiciens d’Hilight Tribe ont une grande expérience dans la musique du monde en général. Puisque, par exemple, pour jouer la musique colombienne on a dû prendre des cours avec un prof de conga qui fait de la cumbia, mais aussi de la musique afro-cubaine. On a même appris les rythmes des yorubas, on est passionné par cette culture afro-américaine qui est extraordinaire !  Mais c’est indéniable que l’autre partie de notre culture c’est aussi la psy trance et que beaucoup de nos héros sont des compositeurs de psy trance. Hier on a joué avec Captain Hook, un gars exceptionnel, et on peut aussi penser à Astrix qui est quand même extraordinaire. On reste aussi des élèves de la musique électronique et on essaye de partager notre passion dans ces deux mondes et respecter les deux.

Tu parlais de professeurs qui t’ont donné des cours… Ce sont eux qui t’ont permis d’apprendre à faire des vocalises ?

Ludo : C’est ça, oui. On a eu plusieurs tuteurs et influences et parfois on est aussi autodidacte. Moi j’ai un prof de tabla (ndlr: percussion indienne) à Varanasi en Inde. Il m’a enseigné à imiter le son des tablas oralement.  En gros, le mec chante la théorie, et toi, en apprenant chaque chant avec le rythme auquel il correspond sur la tabla, tu apprends la musique indienne et aussi à accompagner les solistes indiens, qui peuvent être à la flûte, au sitar, au sarod, ou autres…

Y a -t-il un instrument avec lequel vous avez une histoire particulière ?

Ludo : Récemment oui. On m’a offert un instrument traditionnel des rituels musicaux africains qui s’appelle le Chekeré. C’est une calebasse avec un filet couvert de billes de bois autour. Depuis que j’ai cet instrument je suis obnubilé.

Tu l’intègres plutôt dans ton parcours solo ou avec tout le groupe Hilight tribe ?

Ludo : Non ça c’est une petite anecdote. Dans mon parcours solo je fais plus de chant, accompagné de djembé et d’une vingtaine d’amis musiciens et de maîtres de musique indienne qui m’accompagnent dans ces deux albums qui vont sortir. Deuxième album qui sort en septembre.

Est-ce que récemment tu as fait une rencontre qui a été un déclic pour toi ?

Ludo : Absolument. J’ai rencontré un groupe de six personnes absolument extraordinaires, au BOOM festival. Chacun d’eux m’a introduit à son univers, et ce sont tous des personnages exceptionnels. Le premier, c’est un éditeur Suisse. Il a développé une connaissance immense sur la psychologie humaine. Le deuxième c’est un très grand collègue, que j’ai rencontré en Inde à la Kumbh Mela (ndlr : pèlerinage hindou).

 

 

Accordez-vous un grand intérêt au développement durable ? Pour vous, quelle serait la clé pour lutter contre le réchauffement climatique ? S’agirait-il plutôt d’une solution matérielle ou spirituelle ?

Ludo : La spiritualité, c’est à chacun de gérer la sienne. Moi-même je ne peux pas dicter à mes potes de Hilight Tribe comment réfléchir, c’est leurs choix.  Par contre je sais qu’au niveau des problèmes planétaires c’est une question d’attitude plutôt que de savoir ou d’ignorance.


Propos recueillis par Marie Chinal

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