Pendant le Festival Pantiero 2015 à Cannes, j’ai eu la chance de partager un moment avec le groupe Holy Two, un duo riche d’une pop aérienne et d’un flow envoutant.
Salut, tout d’abord est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Elodie: Alors moi c’est Elodie, je chante et je fais des claviers. Je viens de Marseille et je fais un double cursus architecture-ingenieur à Lyon.
Hadrien: Moi c’est Hadrien ou « hadplug » pour les intimes ! Je fais de la guitare et du chant. Comme Elodie je suis en école d’architecture à Lyon.
Comment s’est créé le projet Holy Two ?
Elodie: Un peu par hasard, on s’est rencontré à l’école d’architecture et on a très vite commencé à faire de la musique car Hadrien avait un groupe de musique. C’etait un peu fou tout ça ! Je faisais du violoncelle aussi et on a très vite commencé à faire des petites reprises guitare-violoncelle.
Hadrien: C’était très fluide, on composait assez rapidement.
Hadrien, tu avais un groupe à la base et ça s’est passé comment finalement ?
Hadrien: J’avais un groupe où je faisais essentiellement du rock et je sais pas si c’est une question de maturité mais quand j’ai rencontré Elodie j’ai tout de suite vu une certaine douceur qui m’a donné envie de faire quelque chose de plus aérien.
Elodie: Moi aussi je ne me voyais pas faire autre chose !
Hadrien: Aujourd’hui on est accompagné en live par Remy qui était le batteur de notre ancien groupe. Dans le projet Holy Two ça a toujours fonctionné comme ça, c’est à dire que la famille s’est agrandie petit à petit par des rencontres. On essaye de garder cet esprit, de travailler avec les gens qu’on aime tout simplement.
Vous avez tous les deux une formation musicale plutôt classique; qu’est-ce qui vous a donné envie de passer plus dans de l’électro-pop ?
Elodie: A la base c’est super frustrant de jouer les morceaux de quelqu’un d’autre et de ne pas pouvoir exprimer quoique ce soit alors qu’on fait de la musique et que c’est censé être fait pour ça. On avait des univers hyper éloignés avec Hadrien, du coup on a essayé de trouver un univers commun et c’est venu assez naturellement.
Hadrien: J’ai toujours été un peu un « cancre » pendant ma formation classique (rires). Je ne ressentais pas beaucoup d’émotions particulières en jouant de la musique classique, maintenant beaucoup plus mais quand j’etais gamin c’était plutôt un supplice d’aller au cours de solfège ! A partir du moment où on a grandi, on a commencé a travailler d’autres instruments, d’autres sonorités et pleins de choses se sont révélées grâce à cet apprentissage classique.
Vous avez participé à plusieurs concours comme « Ricard Live Session », qu’est-ce que ça apporté à votre expérience musicale et personnelle de participer à des concours comme celui-ci ?
Elodie: De la visibilité avant tout, des rencontres. Ce sont les deux choses principales qui se développent lors d’un concours comme celui là même si tu ne gagnes pas.
Au niveau des rencontres, vous avez rencontré des gens qui vous ont beaucoup aidé dans votre projet ?
Elodie: Oui ! Le 1 er concours qu’on ait fait c’était les Inrocks Lab et pendant ce concours on a rencontré un gars qui s’appelle Thomas Saminada qui nous a beaucoup supporté au début.
Hadrien: Il y a eu les Inrocks et le Ricard qui sont des concours qui offrent pas mal de visibilité. On a eu la chance d’avoir des petits articles dans les Inrocks et c’était une vrai chance pour nous, on ne se rendait pas compte qu’il y avait une certaine émergence de groupe Duo. Ça allait vraiment dans notre lancée parce qu’on n’avait pas l’habitude des grandes scènes alors ça nous a poussé à acheter du matériel, à vraiment travailler notre live.
Elodie: Après quand on parle de rencontres ça a été aussi des rencontres avec d’autres groupes, avec des gens de milieux assez divers comme ceux qui font de la vidéo, de la photo, etc. Je pense que ça nous a poussé à nous développer parce qu’il y a ce challenge de réussir à faire mieux que les autres. L’avantage des Inrocks lab est qu’ils font vraiment jouer dans de belles et grandes salles donc ça te mets dans une ambiance que tu ne connais pas du tout.
Pour l’écriture de vos chansons, ça se passe comment ? Vous faites tout à deux ?
Elodie: Ça dépend vraiment du feeling, des chansons… Mais pour le 1er EP, tout ce qui était « Songwriting » c’était vraiment tous les deux parce qu’on habitait ensemble donc c’était plus simple. Dés que l’on avait deux minutes, on se posait dans notre studio pour écrire.
Hadrien: Au final, on s’est retrouvé avec un EP 9 titres parce qu’on voulait montrer une large palette de ce qu’on pouvait faire.
Elodie: Mais tout ce qui est arrangement c’est Hadrien et tout ce qui est ligne de voix, paroles c’est plutôt moi. Pour le 2eme EP c’est un peu plus différent parce qu’on a composé à distance donc on s’envoyait ce qu’on faisait chacun de notre côté.
Hadrien: On a fait un travail assez conséquent en studio à Strasbourg où on a gardé une belle marge de compo sur des morceaux qui n’étaient pas définitifs pour pouvoir les retravailler sur place avec des regards extérieurs. On aimait ce coté de retourner les morceaux dans tous les sens ! Par exemple Elo m’envoyait une ligne de chant que je re-travaillait, c’était vraiment très intéressant.
Pour produire votre premier EP, vous avez fait appel à du crowdfunding pour le financer; est-ce que le fait de voir que des gens vous soutenaient ça vous a rapproché de votre public ?
Hadrien : Ouais ça fait plaisir de voir que les gens sont réceptifs à ce qu’on fait ! On a été très surpris. Dans le crowdfunding, il y a du bon et du mauvais mais ce qui est intéressant c’est cet esprit de collaboration, de voir que des gens sont prêt à t’aider dans ton projet.
Vous avez réussi très rapidement à toucher le microcosme parisien et vous avez joué dans toute la France; comment avez vous réussi à mêler vos études et votre musique ?
Elodie: C’est toujours difficile mais on essaye de s’arranger un maximum mais jusque là ça s’est plutôt bien goupillé, on a eu beaucoup de compréhension des gens qui nous entourent. L’avantage de faire les mêmes études nous permet de nous aider mutuellement aussi.
Hadrien : C’est un peu une question d’organisation, ça nous oblige à être plus rapide, plus efficace pour pouvoir tout gérer. On part du principe que l’on peut tout faire à partir du moment où on en a la motivation. En architecture c’est quand même pas très éloigné du milieu musical en terme de productions artistiques.
Elodie, dans la chanson « La Tal » tu commences à chanter en espagnol, pourquoi ce choix ?
Elodie: Tout simplement parce que je suis à moitié Chilienne et que c’était important pour moi de raconter quelque chose en espagnol. Le texte se collait bien à l’espagnol finalement et on aimait bien se decallage là. Par exemple on nous a toujours demandé de chanter en Francais mais c’était un choix de ne pas le faire et on n’est pas sur d’en être capable non plus.
Si on fouille dans vos Ipods qu’est-ce qu’on risque de trouver ?
Hadrien: On va trouver pas mal de Foals, beaucoup de rock indé anglais, de l’électro et du hiphop.
Elodie: J’adore Mø ! J’ai toujours aimé rapper et en ce moment j’aime beaucoup Kendrick Lamar, je trouve qu’il a un flow incroyable. J’aime bien écouter des nouveaux groupes émergents comme Jeanne Added.
Tu me dis que tu aimes bien rapper. Dans « Wild Nights », tu as un flow assez défini à la limite du rap en se mélangeant assez bien à l’electro pop; Ça t’es venu d’un coup d’avoir envie de rapper ?
Elodie: Non pas du tout, ça fait très longtemps ! Je pense que c’est parti de Kid Cudi à la base et depuis, dés qu’il y a un nouveau son qui sort il faut à tout prix que je l’apprenne par coeur et que je le chante ! Je parle très vite aussi donc ça facilite assez les choses ! (rires).
Vous avez un EP qui va sortir dans pas longtemps, est-ce que vous avez une date précise ?
Hadrien: Non, on a pas du tout de date exacte, mais ça sera aux alentours d’Octobre. On a une tournée qui est prévue en France et donc notre but est de pouvoir défendre cet EP dans cette nouvelle tournée. On est en train de travailler avec notre label Cold Fame Records sur toute la promotion de cet EP.
Vous habitez tout les deux à Lyon, est-ce que c’est une ville propice aux développement des groupes émergents ?
Elodie: Je pense que c’est une ville tremplin, qui peut te propulser mais tu ne pourras jamais te développer pleinement à Lyon. Il y a des bonnes salles et beaucoup de professionnels de la musique.
Hadrien: Ce qui est agréable c’est que tout les groupes émergents se connaissent, ça nous a beaucoup aidé. On a eu la chance de rencontrer des personnes sur Lyon qui ont cru en nous et peut être que ça n’aurait pas marché à Paris.
Elodie: L’avantage par rapport à Paris c’est qu’il y a un réseau qui est petit, que ce soit les programmateurs de salles etc. Je pense que c’est beaucoup plus difficile de se faire une place à Paris.
Dernière petite question: Avez vous une scène phare à Lyon où vous aimez vous produire ?
Hadrien: Il y en a pas mal mais on aime beaucoup le Sucre, le Transbordeur. On a beaucoup joué au Marché Gare aussi !
Propos recueillis par Hugo Jagnoux
Credits photos : Lucie Rimey-Meille